Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, par Harper Lee 2 juin
« Pour une fois, tâche de te battre avec ta tête. Elle est bonne, même si un peu dure« .
Scout passe son enfance à Maycomb dans les années 30, une bourgade de l’Alabama, État alors ségrégationniste du Sud des États-Unis. Grâce à l’intelligence de son père Atticus, avocat et veuf, à sa complicité avec son frère Jem, de quelques années son aîné, et à la tendre autorité de Calpurnia, la gouvernante noire, elle grandit à l’écart de la dureté du monde qui l’entoure – mais non pas sans elle. Scout prend peu à peu conscience de la pauvreté et de la ségrégation qui sévit dans cette région, marquée par la défaite de la guerre de sécession, la crise de 1929 et un fondamentalisme chrétien particulièrement rigoureux.
Voici un récit qui commence comme une paisible chronique et qui finit comme un puissant roman.
La première partie s’articule comme des tranches de vie, celles d’une petite fille blanche, instruite mais sauvageonne de l’Alabama de l’entre-deux-guerre. Entre autres activités, Scout, son frère et Dill, un garçon qui vient passer l’été à Maycomb, s’amusent à se faire peur en tentant d’apercevoir Boo Radley, un voisin qui ne sort jamais de chez lui.
Et puis, survient un événement sur lequel le récit va se concentrer dans sa seconde partie. Atticus, le père, est chargé de défendre un Noir accusé du viol d’une Blanche – et puisqu’il n’est pas disposé à prendre sa tâche à la légère, comme le veut l’usage d’une justice expéditive dans ces circonstances, les ennuis commencent.
« - Attends, Billy ! intervint un troisième, tu sais que c’est le tribunal qui l’a commis d’office pour défendre ce nègre.
- Ouais, mais Atticus a réellement l’intention de le défendre, et c’est ça qui ne me plait pas« .
Une lecture que j’ai énormément apprécié pour le tableau qu’elle brosse des États-Unis. Un magnifique complément à la lecture d’Erskine Caldwell – dont les récits sont situés aux mêmes lieux et époques, mais du point de vue de paysans pauvres et sans instruction – et à celle de Richard Wright, du point de vue des Noirs, tant dans les États du Sud – Black Boy - qu’après l’immigration à Chicago dans les années 30 – Native Son.
Certes, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur n’est pas aussi cruel que le premier ou aussi poignant que le second. Pourtant, c’est une histoire que je n’oublierai pas, pour sa fraîcheur et pour son réalisme. Un récit sans demi-mesure, porté par un étrange regard d’enfant, à la fois naïf et intelligent, et qui donne à voir les pires bassesses comme le plus grand courage de l’être humain.
C’était une lecture commune organisé par Anjelica et à laquelle s’est joint entre autres Manu, Choupynette, Evertkhorus, Liyah, Daniel Fattore, Frankie, Leylies, Mrs Pepys, Nathalie, Sybille, Calypso, Myteline, Elora, aBeiLLe et certainement d’autres encore… (je rajoute les liens dès que j’en trouve, n’hésitez pas à me le signaler en commentaire !). Egalement les avis de Titine et Keisha.
Lu dans le cadre du challenge Littérature au féminin organisé par Littérama.
Bonne plock à tous !
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (To kill a mockingbird), par Harper Lee (1960), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Stoïanov, aux éditions de Fallois (2005), 337 p., ISBN 978-2-87706-550-4.