Marie-Antoinette, par Stefan Zweig et par Sofia Coppola

487129769s.jpg« C’est dans le malheur que l’on sent davantage ce que l’on est« 

Stefan Zweig m’avait déjà conquise avec la biographie de Balzac ; il m’a ici totalement subjugué avec celle de Marie-Antoinette. Et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance ! Le sujet n’était pas de celui pour lequel je porte un réel intérêt a priori ; ce n’est pas davantage un sujet admirable comme peut l’être la dame de Nohant.  Mon sentiment est donc  totalement inversé par rapport à la biographie de George Sand. Car quel plaisir de lecture !

Stefan Zweig a choisi, de manière fort judicieuse, de raconter l’histoire de Marie-Antoinette par épisodes, par chapitres thématisés, tout en suivant globalement la chronologie des événements. On est loin d’un passif enchaînement de faits. On est  également loin de la simple description : le niveau d’analyse psychologique dans lequel se situe le biographe est impressionnant. Jamais dans la compassion ou le dénigrement : tout est dans l’explication. Ou pourquoi et comment Marie-Antoinette est passée de la timide dauphine à la reine frivole, puis à la mère assagie, et enfin à la femme digne sur la fin de sa vie. 

Mais surtout, Stefan Zweig réussi un tour de force incroyable, en particulier lorsqu’il aborde la décadence de Marie-Antoinette : accroître l’intérêt du lecteur à mesure que ce destin s’emballe et introduire ainsi un véritable suspens. Fou, puisque je savais évidemment ce que la suite lui réserve ! L’épisode de la fuite et de l’arrestation à Varennes par exemple prend des airs de thriller. C’est impressionnant – et on a vu des polars bien moins haletants ! 

Un immense plaisir de lecture pour une biographie que je n’ai pas pu lâcher en cours de route. Alors que je pensais la lire sur plusieurs semaines, et l’entrecouper d’autres lectures, je l’ai dévoré en quelques jours et il m’était impossible d’ouvrir un autre livre. Rarement une biographie m’aura autant passionné.

Edit du 30/07 : ah les grands esprits… un billet sur cette même bio a été déposée le même jour par une blogueuse québécoise que je découvre par la même occasion : l’avis de Suzan, mais aussi de Karine:) qui m’avait donné une vraie envie de le lire ! 

Lu dans le cadre du Challenge Ich Liebe Zweig, organisé par Karine:) et Caro[line] ! Je boucle ainsi un deuxième tour de la version baby !

Ich Liebe Zweig

*****

coppola.jpeg« - Tout cela est ridicule » ; « - Tout cela, madame, est Versailles« . 

A peine le livre terminé, j’ai souhaité visionner le Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Contrairement à ce que j’imaginais – je ne sais pas pourquoi, on se fait des idées parfois… bref – son parti pris est sensiblement le même que celui de Stefan Zweig : mettre en évidence la grandeur et la décadence de Marie-Antoinette.

Certes, pour la réalisatrice, l’accent est mis essentiellement sur le tourbillon de fêtes que fût un moment de sa vie, bien plus ciné-génique. Le récit s’interrompt d’ailleurs en 1789 (tandis que la fin de la royauté occupe plus du dernier tiers de la bio de Stefan Zweig), pour lier définitivement son destin à Versailles.

Mais l’abdication et la chute sont magnifiquement suggérées. Au final, il ne m’est pas apparu de  véritable différence de nature dans les points de vue, simplement une différence de degré : dans le film, certains événements sont mis en lumière tandis que d’autres sont simplement évoqués, mais bien présents – à l’exception de la fameuse affaire du collier, totalement occultée. 

Il n’est qu’un seul point de divergence évident : pour Zweig, la relation entre Marie-Antoinette et Fersen fut largement platonique (selon lui, elle n’aurait commis l’adultère qu’après la naissance de ses enfants, voire sur la toute fin de sa vie) ; pour Coppola en revanche, ils furent rapidement amants et le film n’exclue pas l’idée, évoquée parfois, que Fersen soit le véritable géniteur de Louis XVII, son deuxième fils.

Inutile d’insister sur le côté rock’n roll – la musique, les anachronismes volontaires, les costumes et les coiffures – qui donne toute sa saveur au film. J’ai vraiment tout apprécié… sauf peut-être Kirsten Dunst. Je me suis surprise à penser qu’une actrice plus charismatique aurait pu donner plus de force au personnage. Elle m’a même semblé éteinte par moment et surtout trop fragile dans la dernière partie : lorsqu’il est démontré que Marie-Antoinette gagne en maturité, elle n’est selon moi plus crédible… Bref, elle ne m’a pas semblé porter le film jusqu’au bout. Dommage, car mis à part l’actrice fétiche de Sofia Coppola, j’ai trouvé le reste du casting parfait ! 

Je ne suis pas inscrite, mais pour les amateurs d’adaptations, un petit renvoi vers le challenge Lunettes noires sur Pages blanches, organisé par Fashion !

Bonne plock à tous !

 

Marie-Antoinette, par Stefan Zweig (1933), traduit de l’allemand par Alzir Hella, aux éditions Livre de poche (1963), 497 p.

Marie-Antoinette, film réalisé par Sofia Coppola (2005), avec Kirsten Dunst, Asia Argento, Marianne Faithfull…



Dina – Le film, par Ole Bornedal

dina.jpeg « Je suis Dina. Je ne suis personne. »

« Durant les années 1840, dans une petite ville portuaire de Norvège, Dina, une jeune fille sensuelle et solitaire, vit le traumatisme de la mort de sa mère, qu’elle a accidentellement provoqué durant son enfance. Rejetée par son père, elle devient une créature sauvage et fougueuse qui refuse toutes les règles de son époque. Seul son tuteur parvient à la faire sortir de son mutisme en lui communiquant sa passion dévorante pour le violoncelle. Sortant peu à peu de son isolement, Dina devient une femme de caractère, imprévisible et obstinée. Amante passionnée, dépassant les conventions de son mariage arrangé, Dina s’engage pleinement dans des amours tumultueuses pour prendre sa revanche sur la vie ».

Dina est une adaptation du livre d’Herbjorg Wassmo, Le Livre de Dina. Et une adaptation vraiment fidèle, dans la lettre et l’esprit, un modèle du genre. Non seulement ce film ne m’a pas déçu, mais il m’a totalement subjugué – alors que mes attentes étaient très hautes compte-tenu de l’amour (pas moins !) que je porte à cette trilogie. Une vraie réussite. Plus encore que le livre, le film m’a fait des chatouillis dans le ventre et mis les yeux humides à plusieurs reprises. Il est aussi des passages très drôles, et surtout, surtout, des images sublimissimes.

C’est donc une très belle adaptation, mais c’est aussi un très beau film dans l’absolu. J’en veux pour preuve le sentiment de Mr Pickwick, qui n’a jamais lu Le Livre de Dina, qui n’est pas un inconditionnel des grands espaces scandinaves, et qui a pourtant été subjugué par ce film. Lisez Dina, regardez Dina. Ce billet rédigé sous le coup de l’émotion ne rend  certainement pas justice à cette héroïne magistrale.

Trêve de blabla et bande annonce (française… le trailer international, visible ici, m’a bien moins convaincu…).

http://www.dailymotion.com/video/x8s7kh

Lorsque l’on m’avait posé la question « Quelle héroïne for ever ? », la réponse avait fusé comme une évidence : Dina, bien sûr. Ce qu’avait bien noté Cécile qui m’avait offert ce DVD à l’occasion du Lady Swap organisé par Lou et Titine. Un énorme merci à toi !

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Un film qui s’inscrit dans le Challenge Ewan vs Christopher organisé par Cryssilda et Titine. Moi qui était une pro-Ewan convaincue, je dois bien reconnaître que je suis tombée totalement sous le charme de Christopher. Le personnage qu’il campe magnifiquement y est certainement pour beaucoup, mais il y a bien autre chose… quel regard, quelle présence… et quel bel homme ! I’m in love !

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Bonne plock à tous !

Dina (I am Dina), film danois-allemand réalisé par Ole Bornedal (2002), avec Maria Bonnevie, Gérard Depardieu, Christopher Eccleston, Mads Mikkelsen…



Musique : spéciale reprises en live !

Pour la fête de la musique, j’avais envie de faire une spéciale reprise en live ici aussi, tirées des meilleurs concerts que j’ai fait l’année fait l’année dernière : les Sweets Vandals aux Invites de Villeurbanne et Ben l’oncle soul à L’Epicerie de Feyzin (je ne crois pas qu’il existe de vidéo de ce concert là… en tout cas pas trouvé ! Celle-ci est assez sympa).

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Et pour moi ce soir, ce sera du rock au féminin !

Bonne plock à tous !

Edit du 23/06: une très belle découverte cette année : Buridane. Pas vraiment mon style au départ, mais je dois reconnaître qu’elle m’a complètement embarqué ! De très jolis textes !

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PS : j’en profite pour indiquer que j’ai enfin mis en ligne un index des livres ici chroniqués – deux pour être précis : un index par genre et un index par auteur (que vous pourrez retrouver dans les pages : liens tout en haut au dessus de la bannière ou dans la colonne de droite) !



Comment j’ai fêté la fin du monde, par Catalin Mitulescu

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Roumanie, 1989. Dans la banlieue de Bucarest, Eva devient adulte. Elle a 17 ans – mais tant l’actrice que le personnage en paraissent bien davantage. Elle vit avec ses parents et Lalalilu, son frère de 7 ans ; mais surtout, elle fréquente Alex, « fils de flic », fils de l’officier du parti du quartier. Un jour, alors qu’ils traînent dans les couloirs du lycée, ils renversent par accident un buste de Ceausescu. Et c’est Eva qui trinque, lâchée par Alex, lui-même protégé par son statut. Renvoyée, elle intègre un établissement entre lycée professionnel et maison de redressement. Et fait la connaissance d’Andreï, fils de dissident, qui rêve de quitter le pays.

L’intrigue du film deviendra vite secondaire. Elle ressemble davantage à un prétexte pour donner à voir des tranches de vie sous un régime autoritaire qui vit ses dernières heures.

D’où l’impression d’un film brouillon et qui traîne en longueur… mais qui reste plaisant à voir.

D’abord et avant tout pour la qualité de l’image. Angle de vue, lumière, la caméra s’attarde, s’immisce, saisit de très belles choses et crée une atmosphère à la fois douillette et brutale.

Ensuite, pour les chroniques de vie dans un quartier de Bucarest. Un coin de banlieue qui s’apparente à un petit village, dans lequel il faut composer avec la résignation, la méfiance et les petits délires de chacun. Et un film rythmé par des scènettes souvent drôles, de cet humour du dernier recours, fragile et amer. 

Enfin et surtout, pour ses acteurs. Eva – Dorotheea Petre, prix d’interprétation féminine au festival de Cannes 2006 – qui, avec ses faux airs de Fanny Ardant, porte le film. Mais aussi Lalalilu – Timotei Duma – et même si je suis loin d’être la première à m’attendrir béatement devant la petite bouille du premier gosse qui passe, force est de reconnaître qu’il est juste sublime.

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Un extrait ici (impossible d’insérer la vidéo… vous ai-je déjà dit que j’étais une bille en informatique ?) ou ici  Comment J’Ai Fêté La Fin Du Monde.

Un film tragi-comique à l’esthétique tout simplement très belle, mais peut-être à réserver aux soirées d’humeur nostalgique et contemplative

Bonne plock à tous !

 

Comment j’ai fêté la fin du monde (2005), réalisé par Catalin Mitulescu, avec Dorotheea Petre, Timoti Duma… Sélection officielle Un certain regard – Festival de Cannes 2006 ; Prix d’interprétation féminine, 101 min.



Retour au bercail !

Vous pourrez retrouver ici les billets publiés sur mon blog de secours.

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The portrait of a Lady Swap : dénouement du Swap organisé par Lou et Titine ! Venez découvrir ce que ma swappeuse m’avait réservé…

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Une vie moins ordinaire, film réalisé par Danny Boyle, qui s’inscrit dans la challenge « Ewan vs Christopher » organisé par Chryssilda et Titine.

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Quand souffle le vent du nord, par Daniel Glattauer. Une très belle lecture, et je remercie encore Keisha pour ce livre-voyageur !

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Bonne plock à tous !



Pour le plaisir des yeux

Un tableau chez soi ? Vu chez Mango, la proposition de Chrys m’a tapé dans l’oeil (hum !)

Elle propose de partager « un tableau, une affiche, un dessin, une photographie que vous aimez particulièrement, qui fait partie de votre quotidien « visuel ». Pour le plaisir des yeux. Simplement« 

Je me réveille à la dernière minute (des soucis de connexion ont parasité mes promenades bloguesques, c’était tristounet) pour vous présenter ma repro de Klimt. 

En principe, le tableau est droit sur le mur. C’est ma photo qui penche.

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Judith (reproduction libre par un certain Hugo), huile sur toile.

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Un petit clic sur Gustav Klimt pour un aperçu de sa vie

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Un petit clic sur The Kiss pour un aperçu de son travail

Le billet récapitulatif est désormais en ligne sur Le journal de Chrys !

Bonne plock à tous !



Qu’ai-je donc fait hier ?

C’est sûr, vous vous êtes posé la question.

Comment ça, non ?

Hum.

Bon, c’est pas grave. 

Et pis je vous le dis quand même.

Oui, j’étais  !

http://www.dailymotion.com/video/xceyg0

Et ça valait vraiment le coup d’oeil. Si si si. On en fait tout un ramdam’ de cette expo. Avec un titre (« Strip-tease intégral de Ben« ) pas racoleur pour deux sous et trois caouètes. 

Mais oui, c’était vraiment bien. Un joyeux bordel. Du réjouissant, de l’interpellant, du réflechissement. Certaines salles un peu moins subjuguantes que d’autres, mais il y en a tellement, on se dit presque « tant mieux », sans quoi on y serait encore, parce que c’est grand, vraiment grand (3 étages, bien bien bien remplis, je ne sais combien de salles, bien bien bien chargées). 

Avant d’oublier, je vous glisse un lien vers un site (Tout Pour Les Yeux) que je l’adore pour se programmer des expos où que l’on soit, où que l’on aille (dans l’hexagone)…

Bonne plock à tous !



Tous en scène – Vincente Minnelli

Pour rester dans ma quinzaine américaine (des lectures passées et à venir sur les États-unis… concours de circonstance, envie soudaine, tirage au sort dans ma PAL… ne me demandez pas pourquoi en fait !), je me disais que je pouvais vous causer de ma dernière sortie ciné : Tous en scène (The Band wagon), de Vincente Minnelli, un comédie musicale qu’elle est vrai bon pour le moral.

Mais comme je ne sais pas parler des films (déjà que les lectures, bon, hein, voilà quoi), juste je vous mets l’eau à la bouche avec des extraits de ce coup de coeur. Encore que c’est peut-être pas très sympa parce qu’il ne passe pas dans les salles de ciné tradi… c’est vrai j’ai la chance d’habiter non loin d’une salle un peu spéciale – celle des inventeurs du cinéma, les frères Lumière – tenue par Thierry Frémaux. Mais si vous avez un quelconque moyen de pression sur le programmateur de votre cinéma de quartier, c’est le moment de sortir les infos compromettantes !

Je n’ai pas résisté à l’envie de vous présenter ‘Les triplets’, ma scène préférée que j’étais méchamment contente de la retrouver sur le net.

Image de prévisualisation YouTube

Avec en bonus une spéciale dédicace à toutes les grandes romantiques de la blogo : la scène de la danse dans la nuit… juste irrésistible (surtout la fin les filles !)

http://www.dailymotion.com/video/x38uox

Pour les lyonnais(e)s ou tout comme, ou pour celles et ceux qui feraient le déplacement dans la ville, sait-on jamais, jetez un oeil au reste de la programmation du moment !

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Site de l’institut Lumière 

Bonne plock à tous !



Entretien – Les derniers jours de Stefan Zweig

Parce que j’ai définitivement pris goût à cet auteur (merci infiniment à Caro[line] !), je vous invite à découvrir cet entretien sur « Les derniers jours de Stefan Zweig » signé Laurent Seksik. Vraiment passionnant.

http://www.dailymotion.com/video/xc8ij3 

Bonne plock à tous !

Edit du 22 février : il fallait s’y attendre ! Les derniers jours de Stefan Zweig a été lu et commenté par… Caro[line] ! Elle met d’ailleurs en ligne des extraits du livre et un autre entretien avec Laurent Seksik.



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