Michael Tolliver…, par Armistead Maupin

Que dire sur les Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin en général ?

Voilà une série pour ceux qui aiment les petites histoires qui font la grande. Ce qui s’est passé à San Francisco des années 1970 à nos jours, sa culture gay, son refus des convenances, ses petits drames et ses grandes convictions, bref, tout un pan de la société américaine underground, le tout enrobé dans une écriture agréable, délicate même, parfois trop fleur bleue pour moi, mais toujours élégante et passionnée.

Michael Tolliver est vivant, le dernier épisode, voilà donc un livre que j’ai attendu… J’aurai pu, j’aurai dû, vous conter l’ultime opus des Chroniques de San Francisco. Mais il est quelque chose de plus fort encore qui m’anime car il m’a gâché la lecture. Je veux parler du quatrième de couverture.

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Attention, ce qui suit révèle l’intrigue. C’est tout le problème que je vous soumets d’ailleurs. Pour les besoins de la démonstration, je n’ai d’autre choix que de reprendre le diabolique procédé que je tiens à dénoncer.

Accusé quatrième de couverture du livre « Michael Tolliver est vivant » (aux éditions « Points »), vous êtes coupable d’avoir gâché la lecture de ce brave Pickwick (et certainement de plein d’autres lecteurs), du dernier tome des Chroniques de San Francisco. L’arme du crime ? Je cite :  »La maladie ressurgit, et Michael doit choisir entre les deux femmes de sa vie : ira-t-il au chevet de sa mère biologique (…) ou choisira-t-il San Francisco et Anna, sa mère spirituelle (…) ?« .

Bien. Voilà qui peut sembler bien inoffensif de prime abord. Il s’agit d’un exposé du dilemme que devra traverser le personnage principal. Sauf que : le dit dilemme intervient à… la page 259. Sur 291 qu’en compte le récit. Je répète, 259e page sur 291. Là. vous avez bien lu : le dit dilemme constitue, à la vérité, la trame FINALE du roman. Arrrrgh…

Voilà donc une lecture gâchée. Pendant 258 pages sur 291, on sait que l’état de santé d’Anna Madrigal va s’effondrer, alors qu’elle se porte jusqu’ici comme un charme. Pendant 258 pages sur 291, on sait que la mère de Michael, certes très malade, ne va pas encore mourir, puisque la dite Anna se porte toujours comme un charme. Pendant 258 pages sur 291, on est surtout dans une attente que l’auteur n’a pas voulu, puisqu’il amène, doucement, le digne au-revoir d’Anna…

Ce quatrième de couverture ne m’a pas permis d’apprécier le récit à sa juste valeur – quelle qu’elle soit d’ailleurs. La révélation d’une trame finale n’a ainsi rien à voir avec une simple amorce de l’intrigue. N’est pas Titanic qui veut ! C’est un crime de lèse-majesté pour les amateurs d’histoires, petites ou grandes, que nous sommes… et le préjudice est grand pour les amoureux des livres.

Bonne plock à tous !

 

Michael Tolliver est vivant (Michael Tolliver Lives), Chroniques de San Francisco, Episode 7, par Armistead Maupin (2007), aux éditions Points, 291 p., ISBN 978-2-7578-1295-2.



Wilt par Tom Sharpe, ou la loi des titres

Tom Sharpe étant jubilatoire à souhait, il a trouvé tout naturellement sa place dans le merveilleux monde de Pickwick. Une énorme farce sur fond de critique sociale, voilà qui ne pouvait mieux tomber.

Wilt est assez détestable comme type, à la base. Alors bien évidemment, on ne peux s’empêcher de l’apprécier. Pensez-vous, un anti-héros de premier choix : dégonflé, dépassé, un peu minable et totalement dévoué à sa sacro-sainte bibine. Doux-dingue donc, mais pas dénué de qualités ; non-conformiste, acerbe, flegmatique… et pas bête avec ça. Ou si peu.

Le style et surtout les évènements sont heureusement à la hauteur du personnage. Wilt est embarqué dans des histoires totalement improbables ? Tant mieux : plus c’est gros, plus on jubile. Mais où l’auteur est-il allé chercher des histoires pareilles ? Ce n’est plus de la trouvaille, c’est de la prospection de haut vol.

On pourra bien me souffler que je m’arrête à des détails… mais, une fois encore, les titres (oui bon sous-titres que ça chipote) en disent long sur ce qui vous attend ! La preuve par quatre.

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Wilt 1 : Comment se sortir d’une poupée gonflable et de beaucoup d’autres ennuis encore. Attention, génie (de la poilade au moins). Wilt décide de tuer sa femme. Il faut dire que l’on a vu des envies de meurtre pour moins que ça. Pour répéter le crime parfait, une poupée gonflable fera bien l’affaire… Impossible d’en dire plus entre deux crises de rire.

Wlt 2 : Comment se débarrasser d’un crocodile, de terroristes et d’une jeune fille au pair.  Comme si cela ne suffisait pas que Wilt soit affublé d’un boulot impossible et d’une bonne femme ingérable, il hérite de quadruplés et d’une prise d’otage. Toujours très drôle, mais je reste un chouïa sur ma faim. Peut-être en attendais-je trop de ce bon Sharpe ?

Wilt 3 : Wilt prend son pied. Mouais…. auteur en légère panne d’inspiration ? Ce n’est pourtant pas faute d’intrigues totalement rocambolesques, à la limite de l’indigestion. Certes, je ne boude pas mon plaisir, les militaires en prennent pour leur grade, les « militants-moutons » aussi, les flics encore et toujours et mieux encore. Mais bon, comment dire… « pas inoubliable » fera l’affaire. 

Wilt 4 : Comment échapper à sa femme et à ses quadruplés en épousant une théorie marxiste. Toujours aussi loufoque. Le transport de l’intrigue dans l’Angleterre profonde et aux États-Unis a du bon. Notre non-héros remonte la pente… mais je n’atteindrais jamais le niveau de fous rires provoqué par le premier tome. Cela dit, la barre était placée très haut !

Oh, avant d’oublier : jetez un oeil sur Photo-folle, qui non seulement a écrit un excellent billet sur Wilt (1), mais qui nous offre en prime une superbe photo !

Bonne plock à tous !

 

Wilt 1 (Wilt), par Tom Sharpe (1976), traduit de l’anglais par François Dupuigrenet-Desroussilles, aux éditions 10-18, collection « Domaine étranger », 289 p., ISBN 2-264-04243-5.

Wilt 2 (Wilt Alternative), par Tom Sharpe (1979), traduit de l’anglais par Christine Guérin, aux éditions 10-18, collection « Domaine étranger », 317 p., ISBN 2-264-04244-3.

Wilt 3 (Wilt on High), par Tom Sharpe (1984), traduit de l’anglais par Henri Loing, aux éditions 10-18, collection « Domaine étranger », 381 p., ISBN 2-264-04245-1.

Wilt 4 (Wilt in Nowhere), par Tom Sharpe (2004), traduit de l’anglais par Christiane et David Ellis, aux éditions 10-18, collection « Domaine étranger », 256 p., ISBN 2-264-04368-9.



Le croque-mort a la vie dure

 

Ce n’est plus la peine de le cacher : j’ai un faible pour les titres. Un titre, c’est un peu comme un prénom : ça résonne, ça créé un trouble, ça vous pose une personnalité… 

Et c’est-y-pas un super titre, ça, Le croque-mort a la vie dure ? Forcément, Pickwick s’est emballé… sans regret !

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Croque-mort donc, Hitch Sewell a un boulot folichon, une vie insipide à Baltimore, un gros baveux répondant au doux nom d’Alcatraz… et au premier jupon qui passe, pfff ! Oublié les bonheurs simples d’une existence si morne. 

Il poursuit la belle dans une affaire assez complexe. Une belle intrigue même, tortueuse à souhait - juste assez pour ne pas perdre le lecteur sans pour autant le laisser entrevoir le pot-aux-roses. Qu’on ne se méprenne pas, la trame n’a rien de révolutionnaire ; c’est même peut-être un poil classique pour les adeptes du genre. Mais l’histoire se tient, et prend une belle ampleur. 

Voilà en fait un polar qui ne néglige rien. 

Ni le scénario, bien ficelé, et doté de quelques trouvailles qui méritent vraiment le détour.

Ni l’ambiance, ni le style, ni l’humour et les scènes cocasses. 

Ni surtout les personnages qui donnent définitivement au roman toute sa saveur (mention spéciale à Julia « somptueuse, semi-nymphomane, quasi-bouddhiste et éternellement charmante ex-femme » de Hitch).

Ajoutez-y quelques réflexions bien senties (« Les chemises d’homme ont été créées pour les femmes. Il n’y a pas à tortiller. L’inverse ne fonctionne pas« ), emballé c’est pesé.

Quand à la suite des aventures, comment ne pas se laisser tenter ? Le croque-mort préfère la bière, Le croque-mort à tombeau ouvert… des titres pareils, ça ne devrait pas être permis.

Bonne plock à tous !

 

Le croque-mort à la vie dure (The Hearse you came in on), par Tim Cockey (2000), traduit de l’anglais (américain) par Claire Breton, aux éditions Alvick (Seuil), série Policiers, 402 p., ISBN 2-02-078814-4.



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