Comment j’ai fêté la fin du monde, par Catalin Mitulescu 8 mai
Roumanie, 1989. Dans la banlieue de Bucarest, Eva devient adulte. Elle a 17 ans – mais tant l’actrice que le personnage en paraissent bien davantage. Elle vit avec ses parents et Lalalilu, son frère de 7 ans ; mais surtout, elle fréquente Alex, « fils de flic », fils de l’officier du parti du quartier. Un jour, alors qu’ils traînent dans les couloirs du lycée, ils renversent par accident un buste de Ceausescu. Et c’est Eva qui trinque, lâchée par Alex, lui-même protégé par son statut. Renvoyée, elle intègre un établissement entre lycée professionnel et maison de redressement. Et fait la connaissance d’Andreï, fils de dissident, qui rêve de quitter le pays.
L’intrigue du film deviendra vite secondaire. Elle ressemble davantage à un prétexte pour donner à voir des tranches de vie sous un régime autoritaire qui vit ses dernières heures.
D’où l’impression d’un film brouillon et qui traîne en longueur… mais qui reste plaisant à voir.
D’abord et avant tout pour la qualité de l’image. Angle de vue, lumière, la caméra s’attarde, s’immisce, saisit de très belles choses et crée une atmosphère à la fois douillette et brutale.
Ensuite, pour les chroniques de vie dans un quartier de Bucarest. Un coin de banlieue qui s’apparente à un petit village, dans lequel il faut composer avec la résignation, la méfiance et les petits délires de chacun. Et un film rythmé par des scènettes souvent drôles, de cet humour du dernier recours, fragile et amer.
Enfin et surtout, pour ses acteurs. Eva – Dorotheea Petre, prix d’interprétation féminine au festival de Cannes 2006 – qui, avec ses faux airs de Fanny Ardant, porte le film. Mais aussi Lalalilu – Timotei Duma – et même si je suis loin d’être la première à m’attendrir béatement devant la petite bouille du premier gosse qui passe, force est de reconnaître qu’il est juste sublime.
Un extrait ici (impossible d’insérer la vidéo… vous ai-je déjà dit que j’étais une bille en informatique ?) ou ici Comment J’Ai Fêté La Fin Du Monde.
Un film tragi-comique à l’esthétique tout simplement très belle, mais peut-être à réserver aux soirées d’humeur nostalgique et contemplative
Bonne plock à tous !
Comment j’ai fêté la fin du monde (2005), réalisé par Catalin Mitulescu, avec Dorotheea Petre, Timoti Duma… Sélection officielle Un certain regard – Festival de Cannes 2006 ; Prix d’interprétation féminine, 101 min.