Michael Tolliver…, par Armistead Maupin 11 février
Que dire sur les Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin en général ?
Voilà une série pour ceux qui aiment les petites histoires qui font la grande. Ce qui s’est passé à San Francisco des années 1970 à nos jours, sa culture gay, son refus des convenances, ses petits drames et ses grandes convictions, bref, tout un pan de la société américaine underground, le tout enrobé dans une écriture agréable, délicate même, parfois trop fleur bleue pour moi, mais toujours élégante et passionnée.
Michael Tolliver est vivant, le dernier épisode, voilà donc un livre que j’ai attendu… J’aurai pu, j’aurai dû, vous conter l’ultime opus des Chroniques de San Francisco. Mais il est quelque chose de plus fort encore qui m’anime car il m’a gâché la lecture. Je veux parler du quatrième de couverture.
Attention, ce qui suit révèle l’intrigue. C’est tout le problème que je vous soumets d’ailleurs. Pour les besoins de la démonstration, je n’ai d’autre choix que de reprendre le diabolique procédé que je tiens à dénoncer.
Accusé quatrième de couverture du livre « Michael Tolliver est vivant » (aux éditions « Points »), vous êtes coupable d’avoir gâché la lecture de ce brave Pickwick (et certainement de plein d’autres lecteurs), du dernier tome des Chroniques de San Francisco. L’arme du crime ? Je cite : »La maladie ressurgit, et Michael doit choisir entre les deux femmes de sa vie : ira-t-il au chevet de sa mère biologique (…) ou choisira-t-il San Francisco et Anna, sa mère spirituelle (…) ?« .
Bien. Voilà qui peut sembler bien inoffensif de prime abord. Il s’agit d’un exposé du dilemme que devra traverser le personnage principal. Sauf que : le dit dilemme intervient à… la page 259. Sur 291 qu’en compte le récit. Je répète, 259e page sur 291. Là. vous avez bien lu : le dit dilemme constitue, à la vérité, la trame FINALE du roman. Arrrrgh…
Voilà donc une lecture gâchée. Pendant 258 pages sur 291, on sait que l’état de santé d’Anna Madrigal va s’effondrer, alors qu’elle se porte jusqu’ici comme un charme. Pendant 258 pages sur 291, on sait que la mère de Michael, certes très malade, ne va pas encore mourir, puisque la dite Anna se porte toujours comme un charme. Pendant 258 pages sur 291, on est surtout dans une attente que l’auteur n’a pas voulu, puisqu’il amène, doucement, le digne au-revoir d’Anna…
Ce quatrième de couverture ne m’a pas permis d’apprécier le récit à sa juste valeur – quelle qu’elle soit d’ailleurs. La révélation d’une trame finale n’a ainsi rien à voir avec une simple amorce de l’intrigue. N’est pas Titanic qui veut ! C’est un crime de lèse-majesté pour les amateurs d’histoires, petites ou grandes, que nous sommes… et le préjudice est grand pour les amoureux des livres.
Bonne plock à tous !
Michael Tolliver est vivant (Michael Tolliver Lives), Chroniques de San Francisco, Episode 7, par Armistead Maupin (2007), aux éditions Points, 291 p., ISBN 978-2-7578-1295-2.