Purge, par Sofi Oksanen

purge.jpeg « Les souffrances se lavent dans la mémoire« .

Aliide, la vieille Aliide, vit recluse dans la campagne estonienne. Méfiante, elle va pourtant recueillir Zara, jeune femme déguenillée et manifestement violentée, qui a atterri devant sa porte. Et voilà ces deux femmes face à face avec elles-mêmes ; deux femmes liées par des secrets qui les dépassent – mais elles ne le savent pas encore ; deux femmes confrontées aux horreurs de leurs temps – deux temps qu’a priori tout oppose : le temps de l’invasion russe à la fin de la seconde guerre d’une part, le temps de la chute de l’empire et du chaos post-soviétique d’autre part. Deux femmes qui ont fait de petits rêves trop grands pour elles – et qui en payent le prix.

Voilà de la littérature contemporaine comme je l’aime purement et simplement : un roman aux dimensions historiques fortes et aux résonances actuelles plus puissantes encore. Purge est un roman à l’image de la maison qui sera le cadre principal du récit : de construction solide et ferme, mais qui recèle sa part d’ombre, ses souvenirs enfouis, ses portes dérobées qui vont s’ouvrir dans un cri. Un roman de la terre pour un récit fougueux, intense, douloureux, et une lecture prenante – à la gorge, aux tripes même – dont chaque interruption était un déchirement. 

L’écriture est ciselée, pugnace même. Elle fait alterner les faits et les pensées, les gestes, les doutes, les actes, les interrogations, les mouvements et les révélations. Parce que ces deux femmes qui ne veulent pas se souvenir se souviennent quand même, parce qu’on ne peux pas échapper à soi-même, et parce qu’il faut bien réparer ce que l’on a détruit. Tout simplement bouleversant.

« Pour Aliide, la peur était censée appartenir à un monde révolu.Elle l’avait laissé derrière elle et ne s’était pas intéressée le moins du monde aux jets de pierre. Mais maintenant qu’il y avait dans sa cuisine une fille qui dégoulinait de peur par tous les pores sur sa toile cirée, elle était incapable de la chasser de la main comme elle aurait du le faire, elle la laissait s’insinuer entre le papier peint et la vieille colle, dans les fentes laissées par des photos cachées puis retirées. La peur s’installait là, en faisant comme chez soi. Comme si elle ne s’était jamais absentée. Comme si elle était juste allée se promener quelque part et que, le soir venu, elle rentrait à la maison« .

Les avis de La Ruelle Bleue, d’Aifelle et de Bene.

Spécial Rentrée littéraire.  

Bonne plock à tous !

 

Purge (Puhdistus), par Sofi Oksanen (2008), traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, aux éditions Stock (2010), 395 p., ISBN 978-2-234-06240-5.

 



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