Les Soldats de l’aube, par Deon Meyer

meyer.jpeg« Dans sa tête c’était la danse sans rythme de ceux qui ne dorment pas« 

Attention : si le quatrième de couverture (ici reproduit) est très bien fait, le résumé « intérieur » en première page en dit beaucoup trop (à éviter) : « Alors qu’il sombrait dans la déchéance, l’ex-policier « Zet » van Heerden se voit confier la tâche, apparemment simple, de retrouver un testament sans lequel une certaine Wilna van As ne pourra hériter de son ami décédé. Celui-ci a été retrouvé mort chez lui, tué d’une balle de M16 dans la nuque après avoir été torturé à la lampe à souder. Van Heerden comprend qu’il y a anguille sous roche lorsqu’il s’aperçoit que le coffre-fort du défunt a été vidé et qu’il aurait contenu une fortune en dollars. Un fusil d’assaut ? Des dollars US ? Tout semble indiquer un crime mafieux. Et pourtant... »

Suite à ma déconvenue australienne, j’ai préféré jouer la valeur sûre pour mon périple sud-africain : Deon Meyer est réputé pour la qualité de ses romans policiers – et j’ai pu en faire l’expérience avec un réel plaisir de lecture.

Les Soldats de l’aube est d’abord et avant tout un polar costaud, rythmé et bourré de testostérones. Le récit démarre vite et le suspens ne retombera jamais vraiment. L’intrigue est également très bien construite et, point intéressant, l’enquête est menée à travers les réflexions, les déductions, les doutes de van Heerden*. Le lecteur suit le cheminement de sa pensée, les pistes qu’il exploite, qu’il rejette, qu’il néglige. Rien de révolutionnaire, simplement une progression très bien ficelée.

Le personnage principal, cet « ancien flic de quarante ans incapable de fonctionner correctement« , est finalement très attachant. Car en parallèle de l’enquête, se met en place un récit secondaire tout aussi passionnant. En alternance avec l’intrigue principale, il est des chapitres introspectifs dans lesquels un homme – dont on devine rapidement qu’il s’agit de van Heerden lui-même – remonte le temps, en retraçant son parcours et en tentant d’exorciser ses démons.

Enfin, ce polar donne aussi à voir l’Afrique du Sud et son sombre passé. Non pas le régime de l’Apartheid – étonnamment peu présent ici en toile de fond – mais un aspect moins connu, dont il est difficile d’en parler ici sans déflorer l’intrigue plus que de raison… (pour ne pas spoiler, tout en pensant aux intarissables curieux ;) un indice ici). 

Les Soldats de l’aube est finalement un polar complet, satisfaisant sur tous les plans et dont les pages se tournent toutes seules. Attention cependant, il ne faut pas craindre les ambiances glauques, les scènes d’action parfois violentes et les détails sordides… pour les amateurs en revanche, aucun souci, c’est du bon !

Lu dans le cadre du challenge Destination… Afrique du Sud, organisé par Evertkhorus !

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Lu dans le cadre du challenge Littérature policière sur les 5 continents organisé par Catherine !

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Bonne plock à tous !

* Le personnage principal porte le même patronyme que celui du polar humoristique de Tom Sharpe, Mêlée ouverte au Zoulouland (situé également en Afrique du Sud où l’auteur britannique passera une partie de sa vie). Mais les ressemblances s’arrêtent là !

Edit du 23 août : j’ai eu le plaisir d’apprendre que cette chronique a été sélectionnée par les éditions Points pour figurer dans la rubrique La Toile en parle sur le site Le Cercle Points ! J’y ai par ailleurs trouvé un entretien passionnant avec Deon Meyer, à l’occasion duquel il évoque la naissance de sa vocation, le métier d’écrivain, le rapport avec les lecteurs… à voir ici.

Les soldats de l’aube (Dead at Daybreak), par Deon Meyer (2000), traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Robert Pépin, aux éditions Points (2004), 520 p., ISBN 2-02-063124-5.



21 commentaires

  1. mango 14 août

    Voilà un aspect de l’histoire de ce pays que j’ignorais totalement. Je retiens ce titre.

  2. Hilde 14 août

    Je ne connais pas cet auteur mais je note ce titre pour une prochaine destination Afrique du Sud. Les ambiances glauques et les détails sordides ne m’arrêtent pas!

  3. bambi_slaughter 14 août

    Je le note, j’ai lu Lemmer L’invisible du même auteur et j’ai beaucoup aimé. D’ailleurs, je te le conseille. :)

  4. Manu 14 août

    Pas vraiment tentée par ce style de polars.

  5. evertkhorus 14 août

    Et bien et bien, ce Deon Meyer semble avoir du succès… Celui-ci semble très intéressant, notamment l’indice, j’ai fait ma curieuse. Merci pour cette découverte. Je comprends que tu aies voulu prendre une valeur sûre cette fois-ci, ça a aussi été ma stratégie ;)

  6. Frankie 14 août

    Je ne connaissais pas du tout cet auteur mais il a l’air bien !

  7. kathel 14 août

    BOn, je note que tu as préféré Deon Meyer à George Pelecanos… ;-) Toutefois, je crains un peu les détails sordides. Est-ce aussi « traumatisant » que dans Zulu de Caryl Férey, si tu l’as lu ?

  8. clara 14 août

    Glauque et violent : je passe !

  9. djak 14 août

    Moi qui aime les polars et qui compte bien poursuivre avec la littérature de l’Afrique du sud, je note cette référence volontiers!

  10. Ys 14 août

    Tiens, deuxième billet sur cet auteur (pas si courant sur la blogo) dans mon Google Reader aujourd’hui, ça doit être un signe… je me suis initiée à l’Afrique du Sud cet été avec J.M. Coetzee, pas le même genre, mais très fort.

  11. zorane 14 août

    Je suis un peu refroidie par le côté « testostérone »

  12. Lelf 15 août

    J’ai failli lire ce titre pour le défi, finalement n’ayant pas le temps je me suis rabattue sur des BD. Du coup pas de doublon et un avis qui me donne bien envie de m’y plonger à l’occasion quand même. ^^

  13. Kikine 15 août

    Comme Mango

  14. Stephie 15 août

    Je suis censée découvrir cet auteur pour le challenge de Catherine… mais je suis une bien mauvaise suiveuse de challenge…

  15. patacaisse 15 août

    Il me tente bien ce livre ! Merci.

  16. Pickwick 16 août

    @ Mango : le passé remué par l’auteur est ce qui fait tout l’interet de ce polar je crois, en plus de sa construction impeccable.

    @ Hilde : on sent que l’auteur sud-africain lui-même n’hésite pas à adopter un regard critique sur ses contemporains, une vision sombre mais passionnante !

    @ Bambi : j’ai très envie de poursuivre avec cet auteur, je file voir ton billet : merci pour le titre !

    @ Manu : j’ai préféré avertir sur le côté un peu sombre, il est notamment une scène finale assez « costaude » dirons-nous !

    @ Evertkhorus : une valeur sure était vraiment le bon choix ! J’avais croisé Deon Meyer au Salon Quais du polar, mais n’avais pas osé l’aborder vu mon niveau en anglais, pfff :D !

    @ Frankie : un bon auteur de polar comme j’aime à en lire de temps en temps !

    @ Kathel : je n’ai malheureusement pas encore lu Férey, mais j’ai cru comprendre que c’était particulièrement glauque, certainement plus qu’ici, car il n’y a rien de traumatisant non plus (j’ai cru comprendre que le Férey pouvait causer des cauchemars, ici ce serait étonnant !)

    @ Clara : oui, il y a des polars moins violents et tout aussi bons !

    @ Djak : le côté polar est ici parfait, un vrai suspens qui tient tout le long du roman, et une enquête très bien construite !

    @ Ys : le challenge d’Evertkhorus a du succès et tant mieux ! J’ai hésité avec Tom Sharpe, mais j’avais besoin d’une lecture costaude je crois. Et je surveillerai ce Coetzee de part chez toi !

    @ Zorane : oui, je comprends bien que ça ne plaise pas à tout le monde ! Et il est heureusement de très bons polars sans scène de lutte de pouvoir ou de combat !

    @ Lelf : je confirme que c’est une valeur sure pour ceux qui aime les polars costauds ! Il se lit d’ailleurs très vite, il reste difficile d’interrompre sa lecture, hautement addictive !

    @ Kikine : je regrette de ne pas avoir pu développer cet aspect de l’Histoire de l’AFS sans révéler une grande partie du dénouement !

    @ Stephie : si ça peut te rassurer, beaucoup de challenge commencés et eu de terminés pour moi aussi ! En tout cas, Deon Meyer est un bon choix si tu aimes les polars !

    @ Patacaisse : de rien ! Un bon titre assurément, un vrai plaisir de s’y plonger !

  17. L’Ogresse 17 août

    ah, je me laisserais bien tenter !

  18. Lilibook 20 août

    Jamais lu encore l’auteur, mais je dois avoir un titre dans ma pal.

  19. Catherine 30 août

    J’ai oublié de te féliciter pour cette note de lecture !

  20. Nico 31 octobre

    J’ai moi aussi beaucoup aimé ce polar, grâce à l’écriture fluide et à la construction originale et dynamique. Excellent polar!

  21. GOUBET FREDERIC 21 novembre

    Ca ma pris deux années pour lire les 06 livres de DEON MEYER et aucun ne m’a déçu .
    Bien au contraire, je n’avais jamais vu, chez un même auteur, d’introspections aussi détaillées, aussi bien dans la description des personnages, que l’Afrique du Sud.
    On peut également retrouver, soit pendant quelques lignes, ou héros tout court d’un polar les personnages découverts dans les livres précédents.
    Je vous encourage à lire les livres de cet auteur, car peu de romans ou polars nous font découvrir l’Afrique du Sud.
    Le choix des intrigues est toujours génial, ces dernières sont extrêmement bien distillées, assez pour que l’on aille au bout de l’histoire sans en connaître l’issue. Les fins ne sont pas « téléphonées », comme l’on peut souvent en voir.. au contraire.
    Quant à l’univers glauque de « les soldats de l’aube », j’ai vu nettement pire et beaucoup plus insupportable. on reste largement dans un créneau très moyen.

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