Winter, par Rick Bass 9 juillet
« Il y a des gens qui veulent du fric, d’autres qui veulent des caribous« .
« Winter est le récit de l’installation de Rick Bass et de sa femme dans un coin reculé du Montana en plein hiver. Pas d’électricité, pas de téléphone, juste un saloon à une demi-heure de route. Mais une vallée comme au début du monde, une nature splendide et cruelle. Par moins trente-neuf degrés, le rêve se fait parfois souffrance. Dans une prose lumineuse, le défenseur de l’environnement Rick Bass redécouvre, au terme d’un progressif dépouillement, l’essentiel. »
Le récit de Rick Bass est authentique. Et c’est sous la forme d’un journal qu’il nous livre le projet qu’il a réalisé au début des années 1990 : s’installer dans Yaak Valley avec sa compagne Elizabeth, au fin fond du Montana, pour prendre ses distances avec la société moderne. Pour s’intégrer dans ce coin de nature hostile, être crédible aux yeux des rares habitants, mais surtout pour s’assurer à lui-même qu’il a fait le bon choix, il veut à tout prix réussir son « examen de passage » : « passer l’hiver » et supporter les conditions climatiques extrêmes de ce coin (presque) coupé du reste du monde.
Le journal de Rick Bass alterne faits et ressenti, description et introspection. D’abord, il observe et retranscrit son quotidien. Ce qu’il a vu et ce qu’il a fait, tout simplement. Il est des passages superbes : les rencontres avec des animaux sauvages, les paysages qu’il a surprit, les us et coutumes de la vallée… Mais il en est d’autres bien plus ennuyeux. Par exemple lorsque le journal se fait manuel d’utilisation d’une tronçonneuse. Le temps ralentit avec l’arrivée de l’hiver et sa mono-manie – couper du bois, encore du bois, toujours du bois – a fini par me lasser.
En revanche, lorsque Rick Bass se tourne vers lui-même, s’interroge sur ses motivations et sur son moi profond à l’approche de l’hiver, le récit est passionnant. C’est d’ailleurs dans ces moments que son style est le meilleur et que les petites phrases sublimes s’alignent comme des perles. Parfois, l’homme se renferme et s’enorgueillit de sa situation ; avec l’extrémisme du converti, il devient plus sauvage que les habitants de la vallée. Heureusement, son bien-être est communicatif et cette lecture apaise à défaut de surprendre. Car ici, comme me le faisait judicieusement remarquer Titine, point de page 113 !
« Je peux m’imaginer devenu si accro à cette vallée, dépendant d’elle à tel point pour ma paix intérieure, qu’elle est serai l’otage. Et quelque fois, Elizabeth et moi, n’étant après tout que des êtres humains, sommes obligés de nous demander : Qu’est-ce qui nous manque ? D’ordinaire la réponse facile, celle qui fuse, c’est : Rien du tout, bordel. Pourtant, il y a des jours – ici comme partout ailleurs j’imagine – où une espèce de nostalgie balaie la vallée comme une brume impalpable. Mais nous sommes incapables de la définir, de l’épingler au passage – et elle disparaît bien assez vite« .
Même s’il me laisse sur une impression mitigée, ce livre reste un compagnon idéal de la torpeur caniculaire : en tant que récit contemplatif et rafraîchissant bien sûr, mais aussi en tant qu’il interpelle sur la sauvegarde de l’environnement à un moment où le réchauffement climatique est particulièrement criant.
Tous mes remerciement à l’équipe de et aux éditions Folio pour ce partenariat !
Les avis de Papillon, Titine, Cathulu… (j’ai bien vu passer d’autres billets mais je ne parviens pas à les retrouver ; faites moi signe !) et pour les amateurs : le site de Yaak Valley... et le blog du Saloon où se rend régulièrement Rick Bass !
Bonne plock à tous !
Winter (Winter, notes from Montana), par Rick Bass (1991), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Béatrice Vierne, aux éditions Folio (2010), 261 p., ISBN 978-2-07-041405-5.
zarline 9 juillet
Je l’ai noté mais bon, j’ai assez à faire pour le moment. Ce livre me fait à chaque fois penser à D’amour et d’eau fraîche de T-C Boyle, en moins drôle quand même apparemment.
clara 9 juillet
pas tentée…
soukee 9 juillet
J’avais hésité lors du partenariat… Mais j’ai finalement opté pour « Sous le charme de Lilian Dawes » qui me ravit pour le moment… Mais je note quand même ce roman, malgré ta lassitude par moments…
Manu 9 juillet
Je fuis cet auteur depuis une lecture mémorable il y a quelques années. Mais le titre m’échappe.
Emilie 9 juillet
Je n’aime pas spécialement les tronçonneuses et je ne prévois pas d’apprendre à m’en servir mais je note tout de même ce livre car le thème me plait.
Cynthia 9 juillet
J’aime beaucoup le commentaire d’Emilie ^^
Pas mon genre de lecture et puis quelle drôle d’idée que ce titre par un temps pareil
Pickwick 9 juillet
@ Zarline : tiens, ce titre me dit quelque chose, je vais creuser un peu… Winter reste une belle lecture, mais tu en as certainement d’autres !
@ Clara : par le livre en général ou pour la tronçonneuse en particulier ?
@ Soukee : ravie que tu ais fait un bon choix ! Pas de regret pour Winter, mais je ne crois pas que cela restera une lecture marquante…
@ Manu : tiens, je serai curieuse de savoir ce qui t’a marqué ! Je dois dire ne pas avoir une folle envie de me jeter sur d’autres titres de cet auteur… à l’occasion pourquoi pas, mais sans urgence !
@ Emilie : ! On apprend encore beaucoup de choses dans ce livre, plus réjouissantes heureusement (sur les caribous, les mélèzes, etc.) mais le côté vulgarisation scientifique ne m’a pas beaucoup plu ! Mais si tu aimes le thème, je crois que comme moi tu n’auras finalement aucun regret avc cette lecture.
@ Cynthia : mais justement ! C’était un vrai bonheur de lire des aventures par moins 40° lorsque le thermomètre les atteint presque dans l’autre sens ! C’est ultra rafrachissant, et j’en ai bien besoin
Aifelle 10 juillet
Je viens de lire l’avis de Cathulu, tu me refroidis un peu (c’est le cas de le lire) avec l’histoire de la tronçonneuse, mais je le garde noté quand même.
freude 10 juillet
Il me tente bien celui-là, sûrement par cette forte chaleur !
Theoma 10 juillet
Je l’ai noté, je l’ai eu en mains, puis je l’ai reposé et l’ai finalement tracé de la liste… Plus envie.
Pickwick 10 juillet
@ Aifelle : ah oui tant mieux, ce titre peut donner lieu à une lecture très agréable, j’en reste convaincue. Simplement, il s’attarde parfois sur des choses, comment dire, plutôt rares en littérature, comme la façon d’utiliser et d’entretenir une tronçonneuse…
@ Freude : c’est une très bonne idée de le lire en ce moment je trouve !
@ Theoma : tiens, quelque chose t’a détourné de ce titre ? Ce n’est pas un indispensable absolu, sauf pour les adepte du genre, mais il se lit très vite ! Surtout en été
Tulisquoi 10 juillet
comment ça pas de page 113 ? si pas de page 113, je n’achète pas le livre moi !
ça me fait penser au « Cantique de l’apocalypse joyeuse » de Paasilina. Le retour au source, le rejet de la société moderne. Mais bon dans ce cas, c’était un roman…
maggie 11 juillet
déjà repéré sur le site de Titine…
Pickwick 11 juillet
@ Tulisquoi : ! En version roman, je prends aussi ! J’ai lu à droite à gauche que cet auteur laissait des impressions assez mitigée, mais il est grand temps que je le découvre !
@ Maggie : judicieuse sélection ! Malgré mes bémols, cela reste une lecture très appréciable !
Béné 12 juillet
je souhaite le lire depuis un petit moment! je vais me pencher dessus très vite!
Titine 12 juillet
Nous avons exactement le même ressenti sur ce livre ! Un vrai plaisir lorsqu’il parle de la nature et des dangers que nous lui faisons courir mais alors la tronçonneuse…j’en avais marre d’en attendre parler !!!!
L’Ogresse 12 juillet
Pas du tout pour moi (malgre la chaleur).
Pickwick 12 juillet
@ Béné : et il se lit très vite ! Mais il peux aussi se savourer en période de canicule !
@ Titine : je suis vraiment touchée de voir que nos avis sont semblables ! Le très bon alterne avec le moins bon, mais l’ensemble reste une lecture agréable !
@ L’Ogresse : sans regret, c’est un bon livre, mais ce n’est pas un indispensable je crois
Kikine 13 juillet
Je suis du genre à préférer les caribous (j’adore la réplique) et je ne désespère pas d’en voir un jour mais je ne pense pas que ce livre soit pour moi
keisha 18 juillet
C’est (aussi) un auteur Gallmeister Nature writing, donc il a tout pour me plaire. Ce titre n’est pas (encore) à la bibli, mais d’autres, si, et je vais m’en occuper!
choco 20 juillet
Tu as beau être mitigée, je pense que ce titre me plairait !
Ben quoi, c’est toujours utile de savoir se servir d’une tronconneuse ^^
Jennifer 9 août
Bonsoir ! ^^
Un petit tour sur ta critique, puisque j’ai terminé ma lecture de Winter et la rédaction de mon commentaire!
J’adore la toute première citation de ton blog, d’ailleurs si je ne l’ai pas moi-même relevée dans ma critique, c’est que j’en avais déjà relevé quantité d’autres. Ce journal est très poétique, surtout au coeur de l’hiver, comme tu le soulignes si bien. Contrairement à toi, j’ai apprécié les passages sur la tronçonneuse, qui sont pour moi essentiels dans ce récit de lutte contre le grand froid…
A bientôt pour d’autres lectures ^^
Jennifer
Pickwick 14 août
@ Kikine : d’autres avis pourraient peut-etre te faire changer d’avis ? Mais le Nature Writing ne plait pas à tout le monde, c’est sur (moi je reste mitigée !)
@ Keisha : ah oui, en amoureuse des Nature Writing, tu vas certainement beaucoup aimer !
@ Choco : tout pareil que pour Keisha ! Il est de très très beaux passages également !
@ Jennifer : il est de très belles choses que l’on rencontre au détour d’une page, mais d’autres m’ont un peu lassé – leur raison d’être n’y peut rien malheureusement !