Sukkwan Island, par David Vann

  En haut de la pile « C’était un père étrange qu’il voyait sur cette île »

Jim va concrétiser un projet assez fou : vivre « à la dure » le temps d’une année avec Roy, son fils de treize ans, dans une cabane isolée. Les voilà donc partis pour une île sauvage et coupée du monde, au Sud de l’Alaska. L’essentiel est à la survie, notamment pour préparer l’hiver à venir. Mais l’inconscience de Jim devient rapidement évidente. Père immature, aventurier incompétent, dépassé par les événements, il commence à montrer des signes de fatigue nerveuse pour le moins inquiétants. 

Nombreux sont ceux à avoir aimé Sukkwan Island ; et je suis désormais de ceux-là !

J’ai aimé Sukkwan Island pour le cadre – les grands espaces, la nature sauvage, le grand Nord – et le réalisme du récit (pour partie autobiographique) : la fraîcheur des nuits, l’odeur du feu et du poisson fumé, le bruit des pas dans la neige… saisissant.

J’ai aimé Sukkwan Island pour le point de vue adopté par David Vann, à la fois intime et distant, et l’écriture directe, « parlée », sèche qui en découle. J’ai aimé Sukkwan Island pour l’audace des thèmes abordés – comme la perte des repères, le poids du passé ou la confiance en l’autre – et pour les variations de rythme et d’intensité dans le récit.

Mais j’ai surtout aimé Sukkwan Island pour la forte tension psychologique qui se dégage de ce huis-clos à ciel ouvert. Les personnages sont acculés, poussés à bout. Jusqu’à cette fameuse page 113, assez effroyable, qui fait basculer le récit. J’avais beau savoir que cette page était redoutable, la surprise n’en a pas été moins grande… Ensuite, impossible de reposer le livre, je l’ai lu au final d’une traite dans la soirée, sans répit. Une lecture forte, incontestablement !

« Réfléchissons, fit-il. On a creusé un trou. On a un grand trou là, maintenant. Il faut qu’on y stocke de la nourriture Il nous faut quelque chose comme une espèce de cabane, je pense, avec une porte qui nous permette d’entrer mais qui maintienne les ours dehors. La porte pourrait être sur le dessus, ou sur un côté avec un passage qui nous laisse un accès. Je suis en train de me dire que la porte devrait plutôt être sur le dessus, qu’on devrait la couler et l’enterrer. Qu’est-ce que tu en penses ?

Son père levait les yeux sur lui. Roy se disait : Tu ne t’es pas arrangé. Rien ne s’est arrangé. Tu pourrais aussi bien décider de t’enterrer ici, ou je ne sais quoi. Mais il répondit plutôt : Comment est-ce qu’on accède à la nourriture ?«  

Très heureuse d’avoir reçu ce livre-voyageur proposé par Caro[line], également passé chez **Fleur**, et qui a déjà poursuivit sa route chez Ingannmic, Géraldine … sans oublier les nombreux avis recensés par BOB !

Bonne plock à tous !

Sukkwan Island, par David Vann (2008), traduit de l’anglais (États-Unis) par Laura Derajinski, aux éditions Gallmeister (2010), 192 p., ISBN 978-2-35178-030-5.



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