Prenez soin du chien, par J.M. Erre

erre.jpeg « J’ai tout de suite remarqué que quelque chose clochait chez lui…« 

Il se passe de drôles de choses aux 5 et 6 de la rue Doulce-Belette. Il faut dire que la folie semble contagieuse dans ces deux immeubles mitoyens… Par exemple, entre les voisins Max Corneloup et Eugène Fluche, rien ne va plus. Le premier, auteur de romans-feuilletons, et le second, peintre sur coquille d’oeuf, se persuadent à qui mieux-mieux que l’autre n’a  d’autres préoccupations que de l’espionner. Mais plus l’on fait connaissance avec les autres résidents, plus ces deux là nous paraissent relativement sains d’esprit. Et lorsqu’un meurtre est commis, la santé mentale déjà fragile des locataires semblent défaillir pour de bon.

Quelle histoire, mais quelle histoire ! Après avoir eu un gros coup de coeur pour Série Z, je n’ai pas pu attendre : Prenez soin du chien est venu coiffer ma PAL en un rien de temps. Et là encore, quelle poilade, mais quelle poilade ! 

Avec ses personnages plus psychotiques les uns que les autres, J.M. Erre nous embarque, l’air de rien, au doux pays des barges. Parce qu’il faut voir le tableau : une concierge indiscrète, une autre sexy en diable, un chienchien  à sa mémère folle-dingue, un auteur de romans cochons, un collectionneur de gerbilles, un adolescent attardé, un cinéaste taciturne – et j’en passe. Ce n’est plus un quartier résidentiel ordinaire ; c’est un asile qui s’ignore.

J’en oublierai presque que ce roman est aussi un polar. Construite sur un compte à rebours, l’intrigue est prenante et surprenante, riche de rebondissements plus cocasses les uns que les autres. Et le dénouement se fait urgemment attendre ! Le récit est aussi servi par une écriture loufoque, hilarante, un brin canaille, et – cerise sur le gâteau – entrecoupé de réflexions sur le travail de l’écrivain, les ressorts de la fiction, l’inspiration…

Une histoire déjantée, foisonnante, et pourtant bien maitrisée : du grand art !

Extrait du journal de Max Corneloup : « Aucun signe d’activité chez Fluche depuis mercredi. Pas de lumière, pas de mouvement. Je n’ose espérer qu’il ait enfin débarrassé le plancher (…). Ce matin, il m’est venu à l’esprit une idée assez délectable : et si le maniaque était mort ? Je l’imagine, vautré au milieu de ses oeufs, paré pour le voyage… Vers le paradis des poules si cela lui fait plaisir ! Crise cardiaque ? Rupture d’anévrisme ? A moins qu’une vilaine chute… (…) Ouais, une chute, c’est pas mal ça… A demi trépané sur le lino, on fait nettement moins le malin… Et les huit mètres du salon, ça devient vite une trotte, quand vous n’avez plus que le petit doigt pour vous tracter…« .

Si Prenez soin du chien m’a semblé un léger chouïa en dessous de Série Z – il faut préciser qu’il s’agit du premier roman de J. M. Erre -, il en reste un immense plaisir de lecture, jubilatoire, rapide (trop rapide même !) et vivement recommandée !

Les avis de Keisha, Papillon, Choupynette, Fashion, Emeraude, Jules… et d’autres encore recensés chez BOB !

Bonne plock à tous !

Prenez soin du chien, par J.M. Erre (2006), aux éditions Points (2007), 304 p., 978-2-757-80124-6. 



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