Dirty Week-end, par Helen Zahavi 14 mai
« Voici l’histoire de Bella qui se réveilla un matin et s’aperçut qu’elle n’en pouvait plus« .
Bella est une femme un peu paumée, c’est vrai, mais elle s’en sort plutôt bien. Jusqu’au jour où un homme se met à l’observer de sa fenêtre. Puis à l’appeler. Et à la suivre. Bella, qui jusqu’ici avait fermé le rideau et s’était terrée dans l’obscurité, va littéralement disjoncter. Et devenir, le temps d’un week-end, une formidable tueuse en série. Et « c’est ce jour là que débute son histoire« .
L’histoire de Bella est d’une cruauté et d’une violence inouïe. Bella a décidé de prendre son destin en main et de renverser les rôles. Elle va riposter. Répondre aux attaques des hommes, de ceux qui menacent ou qui parviennent à la viol*r, ceux qui ont commis l’erreur de la considérer comme un agneau sans voir qu’elle était en réalité le boucher.
« Pour Bella, la justice n’est pas la justice biblique. Jamais elle n’appliquera le principe oeil pour oeil, dent pour dent. Cette parité laxiste et molle lui donnerai presque envie de vomir. »
La plume d’Helen Zahavi est tout simplement renversante. Des phrases courtes, sèches, envoyées comme un tir de mitraillette. Les évènements s’enchaînent à une vitesse prodigieuse, quelques digressions, quelques moments d’introspection laissant à peine le temps de reprendre son souffle.
« Elle songeait à quel point elle avait besoin d’une arme. N’importe laquelle. Un mousquet. Un fusil. Une carabine. Un file-moi-le-fric-et-tire-toi. Un rattrape-moi-si-tu-peux. Elle songeait à des explosifs. Elle songeait à des fusils à canon scié. Des lance-flamme, des canons et de la cordite. De la dynamite, du plastic, un pur plaisir. Elle pensait tactique. Elle pensait stratégie (…) Bella voyait remarquablement grand« .
Un premier roman qui en son temps avait fait l’objet d’une demande d’interdiction au Parlement de Londres pour cause d’immoralisme. Alors oui, Helen Zahavi ne nous épargne pas, avec des scènes d’une obscénité et d’une cruauté à faire frémir le lecteur le plus averti. Mais justement !
Et il faut dire que je savais où je mettais les palmes grâce à Amélie, qui l’avait justement choisi comme héroïne (une héroïne qui se nomme Bella, si ce n’est pas un signe ça !) pour le challenge On veut de l’héroïne ! Une excellent source d’inspiration, merci à elle ! Parce que cette héroïne-là en surclasse plus d’une. Donnez un flingue à Bella-la-fadasse, elle en fera une crise de nerf ; donnez un flingue à cette Bella là, et elle vous fera un carnage à faire pâlir Charles Manson.
Une lecture coup de poing dont on ne ressort pas indemne. Indispensable, infernal, magistral.
Bonne plock à tous !
PS : pour rester totalement dans le thème mais finir sur une touche joyeuse, je vous invite à jeter un oeil chez Canel qui nous propose aujourd’hui d’écouter une tueuse en série… bien plus sympathique !
Dirty week-end (Dirty week-end) d’Helen Zahavi (1991), traduit de l’anglais par Jean Esch, aux éditions Phébus (2000), 208 p., ISBN 978-2-859-40674-5.