Tête de Chien, par Morten Ramsland 12 mai
« Ne te laisse pas envoûter par les esprits des arbres »
« Entre Norvège et Danemark, des années trente à nos jours, ce récit cocasse célèbre la famille, pour le meilleur comme pour le pire. De la rencontre d’Askild et de Bjork naît une ribambelle de personnages tous plus loufoques les uns que les autres. Morten Ramsland réussit à conjuguer bonheurs et malheurs avec une impertinence et une légèreté toute enfantine, sans oublier l’amour« .
Bon, allons-y gaîment : ce livre n’est ni plus ni moins qu’un petit bijou capable, me semble-t-il, d’atteindre chacun dans son petit coeur. Si vous aimez les destins pas ordinaires racontés avec brio… foncez !
Plusieurs fois au cours de ma lecture, je me suis demandé à quoi ou à qui ce livre me faisait penser. Et puis la réponse m’est soudainement apparue dans toute son évidence…Voyons : une tragédie grecque racontée à la manière d’une farce ? Une traversée des époques, des lieux, des générations à faire pâlir un psychanalyste chevronné ? Une manière de raconter des choses graves avec légèreté – et inversement ? Une capacité à donner une dimension universelle aux personnages ? Bon sang mais c’est bien sur ! Il y a dans ce livre quelque chose de John-Irving-ien !
Puis, une fois cette lecture refermée, je me suis demandée ce qu’il m’en restait : je crois pouvoir parler d’un formidable tableau bigarré. Tout en couleurs vives nées d’une histoire passionnante, d’un humour pince-sans-rire très présent, d’une intrigue pleine de rebondissements, d’une touche de magie puisée dans les contes scandinaves, d’une fin éclairante – et qui arrache sa petite larme – et du style pétillant, sans longueurs, où l’on prend plaisir à lire chaque mot laissé par l’auteur.
« Bjork commençait à être écoeurée par son époux alcoolique. Des rêves piochés dans toutes sortes de romans sentimentaux de médecins venaient la hanter la nuit, et, dans la journée, ces mêmes romans s’imposaient dans sa vie. Askild n’avait que du mépris pour le nouvel intérêt littéraire de son épouse et il a essayé, sans succès, de lui faire partager sa passion pour les livres d’art et le jazz. Il est indéniable que Bjork était assez mal disposée envers ces enthousiasmes : dans le cubisme, elle ne voyait que la folie de son mari, dans le jazz, elle n’entendait que sa dépendance bruyante à la bouteille. Oui, derrière la lutte sans fin entre les goûts soi-disant cultivés d’Askild et ceux soi-disant populaires de Bjork se cachait un condensé complet de leur relation, et ce combat connut seulement une espèce de trêve lorsque Bjork, sur ses vieux jours, développa un certain goût pour les finesses et les joies des tripots clandestins« .
Un roman que j’ai même envie de relire – et ça c’est plutôt rare, pour ne pas dire exceptionnel pour moi !
Et ne loupez pas le très chouette billet de Choco qui en parle vraiment bien, tout comme Jérome !
Un grand merci à et aux éditions Folio !
Bonne plock à tous !
Tête de Chien (HundeHoved), par Morten Ramsland, traduit du danois par Alain Gnaedig, aux éditions Gallimard, collection Folio (2010), 464 p., ISBN 978-2-07-041778-0.