Un mariage poids moyen, par John Irving 22 avril
Un mariage poids moyen, c’est essentiellement le récit d’un drôle de ménage à quatre. Le narrateur est marié à Utch, laquelle est attirée par Severin, lui-même marié à Edith, qui préfère la compagnie du narrateur. Des couples donc, mais qui ne sont peut-être pas ceux que l’on croit – et l’on est rapidement fixé sur la teneur de ces aléas conjugaux. Une idée de départ interessante sur les rapports entre altérité et singularité. « Nous sommes quatre. Il y a quatre versions de ce que nous sommes – et cela ne changera jamais« .
Chic chic, un Irving ! J’ai ouvert ce livre avec enthousiasme, oui, mais aussi avec circonspection. L’auteur m’a habitué au très très bon (Le Monde selon Garp bien sûr, L’Hôtel New Hampshire, Une prière pour Owen et - mon gros chouchou - L’Oeuvre de Dieu, la part du diable) ou au pas terrible moins bon (Une veuve de papier, L’épopée du buveur d’eau et La quatrième main).
Un mariage poids moyen vient salutairement bousculer mon manque de nuance. Un livre poids moyen (au sens propre et figuré), une lecture agréable, sans regret – mais non sans bémols.
Un mariage poids moyen, c’est du Irving pur jus sur nombre d’aspects : un campus américain, du sport (la lutte bien sûr), Vienne, et ces petites remarques bien senties sur les travers du genre humain ou du quotidien, dont je me suis régalée.
Mais ce sont surtout des familles étranges et des parcours hors-normes. Irving s’est encore décarcassé… mais ne s’est pas surpassé. Et c’est là mon premier bémol – je n’ai pas trouvé ces figures particulièrement réussies. Des personnages singuliers, mais sur qui il aurait pu tomber les 7 plaies d’Égypte que cela ne m’aurait fait ni chaud ni froid. Pas d’attaches, pas d’émotions.
Un mariage poids moyen, ce sont aussi des choses plus étonnantes ou dérangeantes, c’est selon. Pas de « bondieuseries », et, bien au contraire, du s*xe presque cru. Pas d’intrigue loufoque et rocambolesque non plus ; plutôt une trame dont l’auteur ne s’est pas départi, sans vrais rebondissements. Le récit finit même par s’enliser par instants… et les flash-back sont distillés à un rythme dissonant, sublimes au départ, presque parasites à la fin.
Etrange coïncidence : il est beaucoup question de peinture, et notamment de la Judith de Klimt présentée ici il y a peu ! (p. 130)
En définitive, un récit intéressant sur de nombreux aspects, mais un plaisir de lecture aléatoire. Bon, cela ne m’empêchera pas de me jeter sur d’autres titres d’Irving avec enthousiasme… mais encore et toujours avec circonspection !
C’était une lecture commune avec Kikine (qui elle l’a lu en VO ! Wow !).
Bonne plock à tous !
PS : je me targue de bien connaitre Irving et j’en prends pour mon grade : je découvre en préparant ce billet que ce roman est l’un de ses premiers, écrit bien avant Garp ! Outch’ !
Un mariage poids moyen (The 158-Pound Marriage), par John Irving (1973), traduit de l’américain par Françoise et Guy Casaril (1984), aux éditions Points (1995), 283 p., ISBN 2-02-0257777-7.