Un train pour Trieste, de Domnica Radulescu 14 avril
Un train pour Trieste, ou la vie de Mona, née à Bucarest sous la dictature, des années 60-70 jusqu’à nos jours. Bien que l’auteur s’en défende, difficile de ne pas y voir un fort caractère autobiographique, tant le récit respire le vécu et les parallèles sont nombreux.
Adolescente, Mona tombe dans les bras de Mihai ; il faut dire qu’elle a terriblement besoin de légèreté. Parce que Mona vit de plein fouet la chape qui plombe la Roumanie et qui s’accentue lorsque Ceaucescu arrive au pouvoir. Parce son quotidien, c’est parfois la faim et très souvent la peur – en particulier pour son père, intellectuel et résistant de l’ombre. Et puisqu’il faut se méfier de tout le monde, pourquoi pas de Mihai ?
Un jour qu’elle se moque du « Guide bien aimé », il la rabroue. « Dois-je l’embrasser ou le gifler ? Il plaisante, me dis-je avec fermeté. La preuve ? Il écoute Ella Fitzgerald et les Beatles. Je peux lui faire confiance. Je peux l’aimer. J’entends un train siffler« .
Il est question d’une histoire d’amour certes : mais elle est surtout (me semble-t-il) un prétexte. Pour raconter la terreur, l’angoisse, les démons qui nous poursuivent s’ils ne sont pas affrontés un jour ou l’autre. La romance est aussi ce par quoi la véritable trame du roman prend corps : le train pour Trieste, celui qui permettra de fuir, fuir la faim, fuir la peur, fuir les blousons noirs qui viennent tabasser votre famille à l’heure du coucher. Et de construire enfin sa vie, qui sait… mais sur quelles bases ?
En vérité, il y a longtemps que j’aurai du vous parler du récit de Domnica Radulescu. Mais ce livre a vraiment quelque chose de particulier. Il n’est même pas passé par la salle d’attente de ma bibliothèque : à peine ouvert pour le feuilleter que j’avais déjà avalé une cinquantaine de pages. C’est dire son pouvoir d’attraction et l’interêt que j’ai porté à cette histoire. Sans oublier la clarté de son style, simple et sans prétention.
Je m’aperçois que ma présentation n’est certainement pas des plus alléchantes – et pourtant ! Ce fut un immense plaisir de lecture. Et l’aveu me coûte, mais je tiens à être sincère jusqu’au bout : j’ai même versé quelques larmes sur la fin. Et je suis bien embêtée de ne pas pouvoir expliquer plus en avant ce moment d’égarement.
Une lecture recommandée les yeux fermés à ceux qui aiment les destins de femme, l’Histoire - en particulier des pays de l’Est -, les histoires d’amour impossible, les histoires de famille (un quasi-témoignage passionant pour ceux qui s’interessent à la psycho-généalogie), les bios même romancées, les récits de clandestinité ou de déracinés… bref, à tout le monde en fait !
Juste une chose : heureusement que je n’ai pas pris le temps de regarder le quatrième de couverture, qui révèle trop de choses selon moi. Ce n’est certes pas un livre à suspens, mais il mérite vraiment d’être approché au rythme voulu par l’auteur, ou du moins à sa manière.
L’avis de Catherine que je remercie vivement pour m’avoir donné envie de lire ce livre.
Lu dans le cadre du challenge Europe Centrale et Orientale organisé par La Plume et la page - La Roumanie est donc la deuxième étape de mon voyage après la République Tchèque.
Bonne plock à tous !
Un train pour Trieste (Train to Trieste), par Domnica Radulecu (2008), traduit de l’anglais par Karine Reignier, aux éditions Belfond (2010), 360 p., ISBN 978-2-7144-4460-8.
clara 14 avril
L’histoire ne me tente pas pour l’immédiat…
Pickwick 14 avril
@ Clara : bien sûr, c’est assez particulier quand même… mais j’ai beaucoup de mal à ne pas le conseiller
!
Kikine 14 avril
Je trouve ça très drôle car j’ai écouté hier en courant le podcast de « L’humeur vagabonde » du 18 mars ( Oui, J’ai un peu de retard dans mon écoute) et c’était justement Domnica Radulescu qui parlait de son livre et en rentrant à la maison, j’ai pris le titre en note dans ma LAL
Tu me donnes encore plus envie de le lire
L’Ogresse 14 avril
Ah, je ne sais pas. Malgre ton billet, Pickwick, et le commentaire de Kikine, je ne suis toujours pas convaincue…pourtant, je devrais !
Pickwick 14 avril
@ Kikine : oh c’est rigolo
Du coup, j’aimerai beaucoup écouter cet entretien ! Si tu as envie de tater le livre, n’hésite pas, un petit mail, je fais suivre
J’ai très envie de lire d’autres avis !
@ L’Ogresse : aucune obligation évidemment ! Et je crois à la relecture que mon billet est assez plombant, alors qu’il est aussi des choses plus légères et un bel aperçu de la culture roumaine. Je n’ai pas su le « vendre » on dirait ! Ah l’émotion me joue des tours
Catherine 15 avril
Bonjour Pickwick,
Tout d’abord, merci de m’avoir citée/linkée.
Ensuite, contente qu’il t’ait plu aussi !
J’espère que d’autres le liront et l’apprécieront.
Kikine 16 avril
Tu peux écouter les émissions sur le site de France Inter. Je te la conseille, l’auteur était intéressante et c’est toujours fascinant d’entendre l’Histoire par ceux qui l’ont vécu…
Ça me plairait beaucoup de le lire mais les tarifs de la poste sont souvent prohibitifs … je n’ai pas envie que tu t’embête avec ça.
Merci pour la proposition … je vais surveiller quand le livre va sortir ici
Pickwick 16 avril
@ Catherine : merci à toi de m’avoir titillé avec ce roman ! Il faut dire que j’ai une attraction particulière pour la Roumanie (mon meilleur ami est roumain), je n’ai pas hésité un instant et j’ai bien fait vraiment !
@ Kikine : merci beaucoup ! Je suis plutot Fr Info, mais Fr Inter est sur le même site, je ferai aisément le détour ! J’espère qu’il sera bientot de sortie outre-atlantique alors !