Turpitudes, par Olivier Bocquet 28 avril
Rencontré à l’occasion du festival Quais du polar, Olivier Bocquet avait su m’intéresser. J’avais donc acheté son premier livre ; c’était moins l’intrigue qui m’avait tenté que notre goût commun pour Tom Sharpe et Jasper Fforde.
Et j’en avais presqu’oublié Turpitudes… quelle erreur ! Ce polar a été primé par des internautes plein de sagacités. Et dispose d’un quatrième de couverture digne de ce nom.
« Décembre 2003. Fontainebleau fait la une des journaux à trois reprises : un meurtre particulièrement barbare trouble la quiétude des habitants ; une émeute sanglante secoue la ville ; et, pour la première fois en France depuis le XIXe siècle, une épidémie de dysentrie se répand dans les rues comme une traînée de poudre. Ce que la presse ignore, c’est que ces trois évènements sont liés… ».
La question qui se pose (et à laquelle répondra parfaitement l’auteur !) est »comment en est-on arrivé là ? » … et j’aimerai beaucoup en dire davantage, mais la découverte de l’intrigue fait partie intégrante du plaisir de lecture ! Je m’abstiens pour le laisser intact…
Mais tout de même : Turpitudes est construit sur une narration alternée particulièrement habile. Des chapitres courts, qui croisent les voix de personnages liés entre eux d’une manière ou d’une autre. Des personnages bien foutus, pas toujours crédibles dans leurs actes, mais qui ne laissent pas indifférents. Tour à tour, on les soutiens, on les moque, on les conspue… et surtout, on décolle progressivement les étiquettes que leurs diverses origines sociales leur avaient imprimé.
Voilà une intrigue vraiment bien construite - et j’en veux pour preuve ce signe qui ne trompe pas : les pages se tournent à une vitesse prodigieuse. Parce que c’est fluide, très bien écrit, totalement captivant. Mais aussi très réaliste, dérangeant, amer et, en même temps, bourré d’humour.
Bref, un polar bigrement intelligent que je recommande très volontiers.
Bonne plock à tous !
PS : comme il s’agit d’un premier roman, petite présentation de l’auteur
« Olivier Bocquet est né à une époque où l’on considérait sans rire qu’il était possible d’aménager son salon avec des meubles gonflables. Il ne s’en est jamais vraiment remis. Issu du croisement entre un french lover et une correspondante anglaise, il babille bilingue très tôt : sa première question est : « pourquoi not ? » (…). L’apprentissage de la lecture lui est fatal : depuis lors, il vit dans la fiction. C’est pourquoi, de manière générale, il vaut mieux se méfier de ce qu’il raconte« .
Turpitudes, par Olivier Bocquet (2010), aux éditions Pocket, 338 p., ISBN 978-2-266-20071-4.