Un p’tit gars de Géorgie (et Le petit arpent du bon Dieu aussi), par Caldwell

Tout bon dodo connaît la chanson : on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, et vlan, et vlan, petit chenapan… A ce petit jeu, voilà, mesdames-mesdemoiselles-messieurs, de la bonne, mais alors, de la très très bonne, littérature.

Caldwell, Erskine de son doux prénom, vous fait avaler ses bouquins comme du petit lait. C’est limpide, bien écrit, bien traduit*. Mais ça vous laisse ensuite avec un sale goût en bouche… parce que c’est glauque, mais glauque, comme vous n’avez pas idée. A la fois délicieux et infect ; ça force le respect.

Illustration avec ces deux romans situés dans le fin fond des États-Unis des années 30, nourris de la misère, la bétise, du racisme,du sexe crade… deux farces tragiques qui se lisent vite mais vous restent sur l’estomac longtemps après.

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Un p’tit gars de Géorgie plaira certainement aux amateurs  d’histoires brèves mais intenses. Le roman est construit par chapitres quasi-indépendants, comme des tranches de vie de la famille Stroup.

L’une de mes scènes préférées est tirée du chapitre VIII. Le p’tit gars et ce qui lui tient lieu de père se rendent au cirque de passage en ville. Devant la tente annonçant des filles nues, le dit père n’y tient plus : il lui faut les dix cents que son gamin avait économisé pour voir du rodéo. Il finit par l’avoir en lui serrant le bras et en « tirant dessus de toute ses forces« … sans oublier bien sûr de garder la monnaie, le bougre.

Le Petit arpent du bon Dieu fut quant à lui poursuivi pour obscénité au moment de sa publication américaine. Le livre est construit comme une bouffonnerie, risible si elle n’était si cruelle. A ceux qui ont lu Les raisins de la colère : vous êtes vous déjà imaginé ce qu’aurait été la vie des Joad s’ils n’avaient point quitté la côte est ? Alors vous y êtes.

* Pour ne rien gâcher, regardez donc qui se cache derrière la traduction de ce dernier roman : un certain Maurice Coindreau, rien que ça. Vous qui pestez tant et bien sur les mauvaises VF (oui vous ! Et moi ! Et on a bien raison !), attendez de lire ce qu’en dit André Maurois dans sa préface : « Jamais transposition plus exacte d’un texte étranger ne fut donnée au lecteur français« . Ça vous pose un homme dites !

Bonne plock à tous !

 

Un p’tit gars de Géorgie (Georgia Boy), par Caldwell (1949), traduit de l’anglais (américain) par Louis-Marcel Raymond, aux éditions Gallimard, collection Folio, 183 p.

Le petit arpent du bon Dieu (God’s Little Acre), par Caldwell (1936), préface André Maurois, traduit de l’anglais (américain) par Maurice Coindreau, aux éditions Gallimard, collection Folio, 270 p.



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